| On the Road saison 1 - épisode 2 Produit par Onze Arpents |
Le monde est devenue un champ de ruine. Trois ans déjà, plus de milles jours que le monde s'est écroulé devant leurs yeux. L'anarchie s'est peu à peu installée, les villes ont été abandonnées par les pillards et chacun lutte pour sa survie laissant derrière lui ses principes et sa moral. Un monde en proie au chaos.
[Générique]Un bref silence, puis le grattement reprend. Insistant, régulier, comme mécanique. Recroquevillée dans le coin le plus éloigné de la fenêtre, Sarah frissonne. Elle resserre les pants de son manteau déchiré contre ses genoux, et soupire profondément. Un centième regard vers l’écran de son portable lui apprend que son père n’a toujours pas tenté de la joindre. Parti depuis ce qui lui semble des heures, la jeune femme n’a peut-être pas pu trouver d’aide. Peut-être même qu'à son tours elle l'a abandonné... Sarah ne préfère pas y croire. Une simple chute et là voilà en faible survivante, la jambe cassée dans ce nouveau monde victime d'un nouvel ère post-apocalyptique. Elle ferme les yeux et serre les poings contre ses paupières. Ne pas imaginer le pire, ne pas laisser ses pensées angoissées effilocher le peu de courage qu’il lui reste. Son père est rusé, rapide et ne semble pas avoir peur de grand chose. Sarah en est persuadé, il reviendra avec de l'aide et ensemble ils pourront quitter cette ville maudite.
Les grattements continuent à intervalles réguliers. Sarah ne préfére pas imaginer ce qui se cahe derrière ces grattements, un survivant perdue, un pilleur, un malade...En à peine quelques jours, la ville entière et ses environs ont cessé de respirer. Heure après heure, les habitants ont évacué, emportant avec eux le peu de choses qu’ils pouvaient transporter. Les rues encombrées de véhicules abandonnés semblent n’attendre qu’un signal pour revenir à la vie. Même les pillards ont fini par partir. Les vitrines brisées des commerces s’ouvrent sur des espaces saccagés, des étagères renversées, et une odeur, une odeur si nauséabonde que Sarah ne se souvient pas d’en avoir connu de telle avant. Une seule espèce se réjouit de son nouvel environnement.
Les rats, par milliers, ont envahi la ville, sortant comme par magie de tous les recoins. Même dans les films, une telle invasion est impossible. Avant, Sarah adorait les rats. Elle en avait même eu un à quinze ans, un joli rat blanc qu’elle avait en quelque sorte imposé à ses parents, avec sa cage immense et tous ses accessoires. Avant, elle trouvait si jolies leurs petites pattes roses, et leurs attitudes. Elle adorait regarder Archimède grignoter une graine, assis sur ses pattes arrières comme un petit écureuil.
*
A première vue, la ruelle semblait déserte. Depuis que les chats errants avaient disparu de la ville, les seuls êtres vivants à écumer les rues étaient quelques bataillons de rats et une multitude de cadavres dont le corps laisse dégager une odeur noséabonde. Ned jeta un regard derrière son épaule, et resta un moment stupéfait. Personne jusqu'à cet éclat de rire qui a réanimé durant quelques seconde cette ville abandonnée. Ned vit au loin deux hommes. Quelle chance de tomber sur eux... Il y avait encore quelques semaines, il les aurait fui, préférant éviter les ennuis. Mais à présent que tous ses repères avaient été bouleversés, ce père de famille s’était dit en les voyant qu’il n’avait jamais été aussi heureux de tomber sur des marginaux. Eric et Manuel semblaient parfaitement à leur aise au milieu des champs de ruines. Assis sur une fontaine hors service, des bouteilles de bière à la main, ils s’amusaient à shooter des rats au lance-pierres. Quand ils l’avaient aperçu, il avait remarqué leur surprise, vite dissimulée. Un homme à bout de souffle seul et armé d’une simple barre métallique, ça ne courait plus les rues ces derniers temps. Intrigués, ils l’avaient laissé approcher en silence, cessant pour un instant leur jeu de tir.
Que dit un survivant à un autre survivant quand l’univers est devenu un champ de ruines ? Sûrement pas « ça va ? » ou « Quoi de neuf ? »… Même demander une cigarette lui aurait semblé déplacé, quoique à la réflexion, si quelqu’un dans cette ville avait encore du tabac, ce devait être ces deux-là. Ned était donc resté muet à les observer, envahi de sensations mêlées. Soulagement de n’être plus seul, terreur en pensant à sa fille enfermée à plusieurs mètres. Puis les mots s’étaient bousculés en panique, désordonnés et mélangés, Ned supplia presque les deux homme de l'aider. Il leur expliqua la situation en détaille, le toit de leur abri qui s’était effondré, cet éboulement qui l'avait séparé de sa fille, la laissant seule, bloquée entre quatres murs. Ala suite de ces mots, Eric avait alors poussé un hululement, sorte de cri de guerre, et enfilé un sac à dos au moins aussi lourd que le sac de son partenaire Manuel avant d'accepter avec ces mots de venir en aide à Ned. Ce dernier sentait son pouls s’affoler. La main crispée dans sa poche sur son téléphone portable, il imaginait en mémoire le beau visage de la jeune fille, ses grands yeux noirs emplis d’inquiétude. Pourvu qu’il soit encore temps !