Entre hier soir et ce soir, je me suis fait la
nouvelle trilogie Terminator.
Pour ceux qui n'auraient pas suivi, je parle de nouvelle trilogie car après avoir récupéré les droits de sa franchise, James Cameron a produit un nouveau film "Terminator" qui s'avère être la suite de ses deux films, en ignorant totalement l'existence des trois films qui ont été produits entre temps, comme c'est devenu habituel à Hollywood maintenant : un principe qu'on nomme
soft reboot. Et il est vrai qu'on pourrait presque ici parler de reboot, tant ce nouveau film reprend la recette du premier volet, avec un peu de celle du second également, mais sans vraiment y apporter grand chose de neuf.
Première chose intéressante à noter, chacun des trois films reflète bien la décennie au cours de laquelle il est sorti. Le premier est très 80's, sa suite très années 90, tandis que le nouveau volet est dans la lignée des films de SF-action qui sortent ces dernières années. Ne vous attendez donc pas à une suite reprenant l'ambiance de l'original, comme a pu le faire récemment le Halloween de 2018.
Le film est plutôt bon dans son genre, reprenant l'univers de Terminator en proposant de bonnes scènes d'action, mais on regrettera l'absence totale de nouveauté. Car ce n'est pas le féminisme assumé du film (un trio d'héroïnes, la nouvelle "John Connor"...) ou bien l'histoire imaginée pour le T-800 vieilli qui apportent un changement. Bien au contraire.
Le premier film, plus simple dans son scénario, posait les bases de cette franchise avec un concept simple mais génial : une guerre va avoir lieu dans le futur entre hommes et machines, mais la vrai bataille a lieu aujourd'hui, en 1984. On y suivait donc l'histoire de Sarah Connor, aidée d'un soldat venu du futur, pour empêcher un cyborg lui aussi venu du futur de la tuer. Quelques scènes de flashback nous permettaient d'entrevoir la guerre du futur, mais sans trop en montrer.
Sa suite reprenait un concept similaire, puisqu'un nouveau cybrog venait du futur pour tuer cette fois non pas Sarah Connor, mais directement son fil John. Mais l'idée géniale qu'avait eut Cameron était que cette fois c'est un autre cyborg qui était envoyé le sauver, modèle identique de celui venu tuer Sarah dans le premier volet. Ainsi Schwarzy passait du rôle du cyborg tueur à celui de héros, laissant le mauvais rôle à Robert Patrick. Cela permettait au scénariste de développer une relation entre ce cyborg T-800 et le jeune John Connor. Mais Cameron avait aussi eu l'idée géniale de ne pas résumer son film à une simple redite du premier en ajoutant à la course poursuite pour échapper au robot tueur une autre quête pour les héros : celle d'empêcher la guerre du futur d'arriver.
La fin de Terminator 2 était en soi assez forte car elle était totalement ouverte, laissant comprendre que notre avenir est ce que nous en faisons, et qu'on ne peut donc pas savoir, malgré ce qu'on fait Sarah et John Connor, ce qui va arriver par la suite.
Et c'est là qu'entre en jeu Dark Fate, troisième volet réalisé par Tim Miller et initié par James Cameron lui-même. Et dès le début, le film met bien en avant son affiliation directe avec les deux premiers films, puisque le film s'ouvre sur les images de T2 montrant Sarah Connor en entretien psy, puis sur une scène avec une Sarah Connor jeune et son fils John (d'ailleurs c'est encore une fois ahurissant de voir ce qu'Hollywood peut faire en terme d'effets spéciaux pour créer des scènes avec des visages d'il y a trente ans...)
Le problème est que si T2 apportait pas mal d'idées nouvelles pour ne pas être une simple redite du premier volet, ici ce troisième film ne fait que reprendre ce qui a déjà été fait. A nouveau donc, un cyborg est envoyé tuer quelqu'un dans le passé, cette fois une mexicaine, histoire de surfer sur l'ambiance sud-américaine qui marche bien ces dernières années, et pour proposer des décors un peu différents des deux premiers films. Et après avoir envoyé un homme, puis un cyborg, pour combattre ces ennemis, pourquoi pas un personnage mi-homme mi-machine ? Sarah Connor fera quand même son retour, puisqu'il faut bien ça pour justifier le fait que ce soit une suite, tout comme le T-800, mais ça ne masque malgré tout pas le fait que l'histoire soit encore et toujours la même.
D'ailleurs, on peut-même commencer à se demander si les machines du futur ne sont pas en fait totalement connes, car après avoir échoué à deux reprises en envoyant des cyborg dans le passé, elles refont la même chose une troisième fois encore. Alors certes, ce ne sont pas les mêmes machines puisque le futur a été changé, mais peu importe.
Tout ça pour dire que le scénario est du déjà vu, et ne vous attendez pas à trouver une idée nouvelle comme ce fut le cas avec T2. Ici on reprend la recette du début, au point de glisser des répliques des premiers film de manière un peu forcées, tel que le fameux "
Je reviendrai" (
I'll be back). Parait-il que le film pourrait être le premier volet d'une nouvelle trilogie, avec Dani en personnage central, remplaçant Sarah Connor. Pourtant le film fonctionne tout seul (et heureusement), mais si Cameron avait des nouvelles idées mais a préféré les garder pour la suite, c'est vraiment dommage car on aurait aimé les voir ici.
Pas sûr que cette trilogie voit le jour, d'ailleurs, car si j'en juge par mon multiplexe qui pour cette semaine de sortie programmait le film dans une de ses plus petites salles, je ne pense pas que le succès soit au rendez-vous.
Bref, si T2 était une excellente suite apportant beaucoup de choses à l'univers mis en place dans le premier film, ce nouveau troisième volet est tout à fait dispensable, et les deux premiers films continuent de fonctionner très bien tout seuls.